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mardi 10 novembre 2015

Évanescence, tome 2 : Un amour brûlant - Penelope Douglas




As-tu déjà été en colère au point où t’étais vraiment heureux de casser des choses ? 










Ou tellement engourdi que t’avais l’impression d’être stone? Les dernières années m’ont fait cet effet-là. Je passais de la furie à l’indifférence sans faire de pause. Des gens m’en voulaient, d’autres avaient peur de moi. Mais personne ne pouvait me blesser, parce que je me fiche de tout et de tout le monde. Sauf de Tate. Je l’aime tellement que je la déteste. Je déteste ne pas pouvoir la laisser aller. Avant, on était des amis, mais j’ai découvert que je ne pouvais pas lui faire confiance, ni à personne d’autre. Alors, je l’ai blessée, je l’ai repoussée. Mais j’ai encore besoin d’elle. Elle me centre, et je peux déverser toute ma colère sur elle. En l’attaquant, en la défiant, en l’intimidant — appelle ça comme tu voudras —, mais elle est ma nourriture, mon air, et la dernière partie de moi qui ressent quelque chose d’humain. Mais bon: elle est partie et elle a tout bousillé. Elle m’a quitté. Elle est allée passer un an en France, et au retour, elle était complètement différente. Maintenant, quand je la pousse, elle me repousse... et je ne sais pas trop si on restera les mêmes.



Tate était agenouillée sur la pelouse avant, près du Bronco de son père, et je me suis arrêté net en entendant son rire ravi et irrépressible. Elle souriait comme si c’était le matin de Noël, les yeux bien fermés, alors que Madman lui léchait le cou.
Sa peau couleur d’ivoire luisait dans le soleil du matin, et ses lèvres roses et charnues étaient ouvertes sur une magnifique rangée de dents blanches.
Le chien était nettement heureux, lui aussi, et secouait la queue avec ivresse. J’ai eu l’impression de m’imposer.
Ils formaient la paire et ils s’aimaient, et mon estomac s’est rempli de papillons.
« Merde. »
J’ai grincé des dents.
Comment faisait-elle ? Comment arrivait-elle toujours à me rendre heureux de la voir heureuse ?
J’ai cligné des yeux pendant un bon moment.
Tate continuait à papoter avec le chien.
— Eh bien, je t’aime, moi aussi !
On aurait dit qu’elle parlait à un enfant, suave et tout, alors que Madman continuait de la pousser légèrement en lui léchant le visage.
Ce n’était pas normal qu’il l’aime autant. Qu’est-ce qu’elle lui avait fait au cours des deux dernières années ? Sans être vraiment en colère contre le chien, j’ai gueulé :
— Madman, viens-t’en.
Tate m’a regardé et s’est levée. Avec un air mauvais, elle a dit :
— Tu houspilles aussi le chien, maintenant ?
C’est alors que j’ai remarqué ce qu’elle portait : le t-shirt de Nine Inch Nails que je lui avais donné quand on avait 14 ans, et pour une raison idiote, j’ai bombé le torse.
J’avais oublié qu’elle l’avait.
Bon… pas vraiment. Je ne m’étais pas aperçu qu’elle l’avait encore, j’imagine.
Elle ne se rappelait probablement même pas que je le lui avais donné.
En m’agenouillant pour accrocher la laisse de Madman à son collier, je lui ai dit, en déformant légèrement les lèvres :
— Tu me parles encore, Tatum.
Je ne l’ai pas appelée « Tate ». Je savais qu’elle détestait se faire appeler « Tatum ».
Je me suis donné un air d’ennui et de supériorité.
« Je serais plus heureux, si elle n’était pas là », ai-je pensé.
Elle n’était rien.
Et pourtant, j’entendais la petite voix à l’arrière de ma tête.
« Elle est tout. »