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dimanche 26 janvier 2014

Les Stokehurst   Tome 2 : Prince de l'éternité de Lisa Kleypas







 Angleterre 1877. Par dépit, Emma accepte d'épouser le prince Nicolas Angelovski après qu'elle a été abandonnée par l'homme qu'elle aimait.










Le résumé :
Angleterre 1877. Par dépit, Emma accepte d'épouser le prince Nicolas Angelovski après qu'elle a été abandonnée par l'homme qu'elle aimait. Elle ignore que c'est Nicolas qui a manigancé cette rupture. L'annonce de ce mariage fait verdir de jalousie toutes les jeunes filles de la bonne société londonienne. Car le prince est richissime et fort séduisant. Mais un mystère plane sur son passé. On sait qu'il s'est enfui de Russie, victime des tortures infligées par les services secrets du tsar. Quel crime a-t-il commis ? Et pourquoi se montre-t-il si distant à l'égard de sa jeune épouse ? Par moments, Nicolas est envahi par l'étrange sentiment que cette femme lui appartient depuis toujours. Comme si, dans une vie antérieure, tous deux avaient vécu une passion violente à l'issue tragique... Comme si une malédiction poursuivait les deux amants à travers les siècles... Une question le hante : comment éviter que le drame ne se répète ? Car aucune femme ne sait, comme Emma, attiser son désir.

L'extrait :
Londres, 1877
- Vous attendez quelqu'un ? fit une voix d'homme, rompant le silence qui régnait dans le parc.
Il avait une pointe d'accent russe qu'Emma trouvait charmant et mélodieux. Se retournant d'un air faussement indifférent, la jeune fille vit le prince Nicolas surgir de la pénombre.
Avec sa peau cuivrée, ses cheveux épais et dorés mais aussi son caractère imprévisible, Nicolas ressemblait plus à un tigre qu'à un aristocrate. Emma n'avait jamais vu si parfait mélange de beauté et de férocité. Connaissant sa réputation, elle n'ignorait pas qu'elle avait toutes les raisons de le redouter. Mais elle savait aussi dompter les animaux sauvages. Face à un fauve, il ne fallait surtout pas trahir sa peur.
Emma se détendit donc et s'installa plus confortablement sur le banc de pierre, dans un coin isolé du vaste domaine.
- En tout cas, ce n'est pas vous que j'attends, rétorqua-t-elle d'un ton sec. Que faites-vous ici ?
- J'avais envie de me promener, déclara-t-il avec un large sourire, laissant apparaître des dents étincelantes.
- Je préférerais que vous vous promeniez ailleurs. J'ai un rendez-vous.
- Avec qui ? s'enquit le prince en glissant les mains dans ses poches sans cesser de rôder autour d'elle.
- Allez-vous-en, Nicolas.
- Répondez-moi.
- Allez-vous-en !
- De quel droit me donnez-vous des ordres ? Je suis ici chez moi, chère enfant.
Nicolas s'arrêta à quelques pas de la jeune fille. Il était très grand et bien charpenté. C'était l'un des rares hommes qu'Emma ne dépassait pas en taille. Il avait aussi des mains immenses et de larges épaules. Une ombre voilait son visage, ne laissant apparaître que l'éclat doré de ses yeux.
- Je ne suis pas une enfant. Je suis une femme !
- Je vois cela, dit doucement Nicolas.
Ses yeux se promenèrent sur la silhouette de la jeune fille, détaillant les courbes de son corps drapé d'une simple robe blanche. Comme de coutume, elle n'était pas maquillée. Ses cheveux d'un superbe ton roux aux reflets de bronze et de cannelle étaient relevés en chignon, mais quelques mèches rebelles lui frôlaient le visage et le cou.
- Vous êtes ravissante, ce soir, fit-il.
- Epargnez-moi vos flatteries ! rétorqua Emma en riant. Je peux être jolie, tout au plus, je le sais bien. Cela ne vaut pas la peine de me meurtrir le crâne avec des épingles et de me comprimer les côtes dans un corset à n'en plus pouvoir respirer. Je préférerais me promener tous les jours en bottes et en pantalon, comme les hommes. Quand on ne peut être belle, autant ne pas insister.
Nicolas ne protesta pas, mais il avait une tout autre opinion sur la question. Le charme unique d'Emma l'avait toujours fasciné. C'était une femme décidée, pleine d'énergie, avec des pommettes hautes, une bouche sensuelle et un nez parsemé de taches de rousseur. Mince et élancée, elle était très grande. Nicolas ne la dépassait que de quelques centimètres.
Ils étaient faits l'un pour l'autre. Et pourtant, personne ne semblait s'en rendre compte. Mais Nicolas, lui, le savait depuis des années, depuis leur première rencontre. Emma était alors une enfant turbulente à la crinière flamboyante. A vingt ans, elle était devenue une jeune fille dont la franchise impitoyable touchait la personnalité secrète du jeune homme. Elle lui rappelait les femmes qu'il avait connues en Russie, des femmes de tempérament... qui ressemblaient si peu aux insipides Européennes qu'il fréquentait depuis sept ans.
Consciente de son regard pesant, Emma lui fit une grimace un peu puérile.
- Cela m'est égal d'être ordinaire, affirma-t-elle. J'ai eu l'occasion de constater que la beauté pouvait se révéler un terrible inconvénient. A présent, il faut vraiment que vous vous en alliez, Nicolas. Si vous êtes dans les parages, aucun homme n'osera approcher.
- Qui que vous attendiez, il ne restera pas plus longtemps que les autres.
- Celui-là, si ! lança-t-elle avec un air de défi.
- Ils ne restent jamais, insista-t-il d'un ton désinvolte. Vous les repoussez tous au fur et à mesure qu'ils se présentent. Pourquoi ?
Emma rougit violemment, les lèvres crispées. La flèche avait atteint sa cible. Voilà trois saisons qu'elle avait fait ses débuts dans la société. Si elle ne se fiançait pas rapidement, elle serait vite considérée comme un cas désespéré et finirait vieille fille.
- Je ne vois pas pourquoi j'aurais besoin d'un mari, répliqua-t-elle. Je n'aime pas l'idée d'appartenir à quelqu'un... Vous devez me trouver bien peu féminine, n'est-ce pas ?
- Je vous trouve on ne peut plus féminine.
- C'est un compliment ou vous moquez-vous de moi ? demanda-t-elle en arquant ses sourcils dorés. Avec vous, c'est toujours difficile à dire.
- Je ne me moque jamais de vous, Emma. Des autres, oui, mais jamais de vous.
Elle émit un soupir perplexe.
Nicolas s'approcha d'elle, avançant en pleine lumière, sous un lampadaire.
- Maintenant, vous allez rentrer avec moi et retrouver les invités du bal. En plus d'être votre hôte, je suis votre cousin éloigné. Je ne puis vous laisser dehors sans chaperon.
  • N'essayez pas d'invoquer un quelconque lien familial entre nous. Vous n'êtes qu'un parent de ma belle-mère. Nous ne sommes aucunement liés par le sang.